La mannequin et sa cousine chaperon
- Arsene
- Mar 16, 2019
- 9 min read
Updated: Apr 15, 2019

Je vois cette fille de dos au moment de rentrer dans le métro : cheveux bouclés volumineux (ça doit être mes origines méditerranéennes, ça attire toujours mon attention, c’est comme les hanches larges et la peau bronzée !), hanches larges, fesses bombées. Si en plus elle a un joli visage, elle ne sera pas réelle. C’est la fin de journée, je suis fatigué, justement le genre de moment où je me dis « pourvu que je ne croise pas une fille canon car je sais que je ne vais pas assurer ». Je m’apprête à découvrir son visage et une partie de moi, cherchant la bonne excuse pour rentrer pépère sans effort, se dit « allez je parie que son visage ne sera pas très joli de toute façon ». Et bien cher ami c’est raté, décidément mon gars tu n’as aucune excuse : son visage est très joli, avec des traits fins qui laissent deviner une origine est-africaine. Ah vive Londres et sa population cosmopolite, je me dis ça quasiment tous les jours depuis des années, aucune ville à mon humble et limitée connaissance, même pas New York, ne rivalise.
Il y a du monde dans le métro, elle a des écouteurs, est assise au milieu d’autres gens, j’ai trop la pression. Bon ok coupons la poire en deux, trouvons le compromis parfait entre mon envie d’approcher et ma flemme de la faire (flemme = litote bien hypocrite pour ne pas dire peur) : si elle sort à la même station que moi, je vais lui parler. En plein dans le mille, ma station arrive et devinez qui sort tout comme moi. T’as plus le choix mon brave, allez hop va lui parler.
A la sortie de la station, je vais lui parler. Je lui fais un compliment, elle parait surprise mais me sourit et apprécie. Je devine de quel pays d'Afrique de l'Est elle vient, mes dons de « devin » de nationalité ont l’air de l’impressionner, alors que franchement ses traits magnifiques étaient typiques de ce pays. Au départ elle avait enlevé un écouteur, puis elle enlève le deuxième et me demande d’où je viens. Bon signe. Elle me parle un peu d’elle, je reste sans réaction en apprenant, sans surprise, qu’elle est mannequin. S’ensuit une interaction classique de daygame, avec sa dose de test de sa part, ce qui est bien normal, car elle doit filtrer parmi tous les garçons qui doivent essayer, souvent indirectement et c’est là leur erreur, de la draguer. Elle dit, tout en rigolant, que c’est un peu fou de ma part de l’avoir approchée de la sorte. Un autre bon signe.
Elle me propose d’échanger plutôt les facebook, je n’insiste pas pour le numéro. L’attraction est là mais le confort reste à développer et donc je considère à ce moment que c’est du 50/50 en termes de possibilité de flake.
Son profil facebook, sans surprise, est rempli de photos en pause mannequin, je regarde ça deux minutes puis m’abstient, ça ne sert à rien, le but est de la revoir, pas de la contempler sur un ordi et d’être un énième fan facebook (et encore moins de liker et faire des commentaires « wow t’es trop jolie ! »). Elle répond assez vite à mon premier message sur facebook. Quand je lui propose un verre elle me dit ok mais me demande si elle peut venir avec sa cousine comme chaperon. Quelle drôle d’idée ! Je réponds « ok sans problème, tu peux même venir avec ton coiffeur et ta maquilleuse si tu veux ». En fait, un daygamer voulant tout optimiser dirait que c’est une mauvaise idée, quelle perte de contrôle de ma part. Mais le fait est que cela me rend curieux de faire des expériences différentes, quitte à ce que ça se fasse au détriment du résultat. Ce n’est pas vrai que le but du daygame est uniquement le sexe avec des jolies filles, j’aime toutes les histoires qui précèdent ce moment-là (qui n’arrive pas toujours, loin de là, arrêtons de se vanter), j’aime le process qui va avec, j'aime la compagnie féminine, alors pourquoi ne pas tenter de rencontrer cette fille avec sa cousine et être curieux de voir comment ça se passe ? Je vais certainement me planter, et alors ? C’est une mannequin super hot il faut que j’assure ? Que nenni, il se trouve qu’à cette époque je suis déjà sorti avec d’autres mannequins (à compter sur quelques doigts de la main, n’exagérons rien) donc je suis un peu désensibilisé (je me la joue un peu là, non ? Tant pis je suis français c’est mon droit, je ne veux pas contredire un cliché si ancien).
Nous échangeons les numéros et nous accordons sur une date.
Je la retrouve donc pour une première date à Piccadilly Circus et l’emmène au bar de l’hotel W (un peu trop provider, j’évite ce bar maintenant). Elégante, sexy, maquillée, en talons, j’aime beaucoup. Sa cousine est encore au boulot, tant mieux. La date se passe bien, avec humeur taquine, challenging, un peu de tactile l’un à côté de l’autre.
Et là arrive sa cousine, certes pas méchante mais me voilà à faire l’entertainer pour les deux, nous perdons la magie du one to one, et je suis également un peu provider (ou même carrément provider disons-le) car je paye une deuxième tournée de cocktails dans un endroit bien guindé. Il me faut un bon moment pour réaliser que ça ne mène à rien, il n’y a plus aucune progression avec elle et je n’ai pas envie de tenir le crachoir à sa cousine éternellement.
La date se termine, nous nous disons au revoir au métro. J’essaie de finir sur une bonne note en prenant sa main, la regardant droit dans les yeux, lui disant « je te texte plus tard », et en l’embrassant sur une seule joue avec un mouvement proche de celui précédant un French kiss. Ce n’est clairement pas une tentative de l’embrasser (ça n’aurait pas été calibré et j’imagine la tête de cette pauvre cousine en mode teneuse de chandelle !), mais c’est plus sexy que de se faire une bise amicale ou un bon vieux hug.
Les jours suivants il y a bien échange de textos, mais j’ai du mal à obtenir une seconde date, car je suis apparemment en concurrence…avec le fait qu’elle doive régulièrement se rendre à l’église !
Je perds un peu patience et tente de la taquiner sur le fait qu’elle doit aller sagement à l’église en lui textant que je devrais lui décerner le titre de “miss boring de l’année” (sachant que je la surnommais “miss nom de son pays d’origine de l’année” au départ), auquel elle me répond de manière bien plus maligne quelque chose du style « ah mais j’accepte ce titre, je suis effectivement assez boring je le sais ». Ça se termine avec un royal flush inutile, un essai de push pas calibré et pathétique de ma part : « Ok laissons tomber je commence à trouver le process ennuyeux, j’ai perdu l’attraction ». Auquel elle me répond, encore une fois bien au-dessus de la mêlée : « Pas de souci, contente que t’aies capté le point ». Tiens, dans les dents.
Ces derniers messages sont intéressants car c’est un cas d’école, dans lequel je joue le dernier de la classe qui se plante à l’examen. Mes messages sont en fait needy sous prétexte de chercher à faire un push, alors que ses messages sont non-réactifs, elle est attirante et elle le sait, elle n’a pas à faire le moindre effort, le moindre try hard. Elle fait même preuve d’autodérision sur le côté ennuyeuse, signe de confiance en elle. Elle a le contrôle, elle montre une valeur bien plus importante que la mienne, la dernière chose à faire dans ce cas-là est d’être frustrée et de la considérer comme une petite princesse qui me fait perdre mon temps. Au contraire : mes respects mademoiselle, une bonne leçon que vous m’avez donnée là, je m’en souviendrai et vous m’aurez fait bien avancer !
Quelques mois plus tard je vois sa cousine attendre devant un restaurant, elle me regarde, me reconnait et par politesse je m’arrête faire du small talk. C’est là que mademoiselle arrive, toujours aussi canon, pour retrouver sa cousine. Je la joue non-réactif, indiffèrent et après quelques minutes nous nous accordons sur le fait que nous nous pourrions nous revoir. C’est là que je lui dis qu’il va falloir qu’elle me redonne son numéro car j’ai supprimé les numéros inutiles de ma liste de contacts. Elle se vexe un peu et me dit “ah bah non si t’as pas gardé mon numéro à ce moment la laisse tomber”. Je lui dis “bah écoute tant pis, pourquoi aurais-tu voulu que je garde ton numéro ?”. J’avais fait un peu de chemin depuis la leçon de la dernière fois. Bref à la fin de ce jeu de push-pull nous nous remettons en contact et nous nous accordons sur une date, donc la deuxième.
Je la retrouve quelques jours plus tard, je downgrade la venue, désolé ma grande, pas de cocktails à l’hotel W cette fois-ci, au mieux un smoothie à Joe and the Juice.
Elle m’apprend alors que sa cousine arrive. Oh non pas encore la cousine. A ce moment-là je crois que j’étais pris entre l’envie de m’en aller et la curiosité de nouveau. Sa cousine arrive. Comme un gentil chien-chien je trouve le moyen d’aller moi-même lui commander un smoothie, puis nous commençons à discuter, j’essaie de la taquiner mais c’est moyen, j’ai la cousine entre elle et moi, et elle reçoit régulièrement des appels pendant que je me retrouve à tenir un peu le crachoir à sa cousine (disons le franchement : je ne trouvais pas la conversation de sa cousine excessivement fun). Qu’est ce qui a changé entre la première et la deuxième date : et bien rien en fait, quand on a perdu le contrôle en fait c’est dur de rattraper. Ah si quand même les smoothies coutent moins chers que les cocktails (“oh quel gouja de dire ça, ce n’est pas bien !”).
Conclusion : encore une fois, ça me fera plus avancer de considérer que c’est moi qui ai mal géré, il serait inutile et malhonnête probablement de blâmer les filles en les traitant de profiteuses ou autres, mettons juste fin à cette date (qui n’en est pas vraiment une d’ailleurs). Je leur fais mes salutations distinguées et ne compte pas les revoir. Je sors de cette date en rigolant à moitié de moi-même.
Cette fille habite dans le même quartier que moi à Londres, il m’est arrivé de la recroiser et de papoter rapidement avec elle, sans flirter car à un moment je zappe. Une fois elle était en train, avec sa cousine, d’entrer dans un kebab pour offrir un repas à un sans domicile fixe qui mendie dans le quartier. C’est là que je ré-insiste sur le fait qu’il ne sert à rien et peut être faux de juger trop vite une fille en la considérant comme “princesse”, “profiteuse”, ou autre terme diminuant la personne et révélant plus souvent la frustration du garçon que le caractère de la fille. Quand on lit l’histoire du dessus, on a du mal à s’imaginer que ces deux filles soient capables de cette compassion et de prendre le temps de donner de la chaleur à quelqu’un qui en manque. Et bien si, c’est bien la preuve qu’en fonction de la manière dont on se comporte, les filles peuvent exprimer des caractères différents. Je ne vais pas non plus me flageller, mais très clairement je n’avais certainement pas su la mettre suffisamment à l’aise pour montrer le meilleur d’elle-même.
Dans le cas de cette fille, j’ai fait des erreurs assez claires (perte de frame, mode semi-provider, un peu impatient par texto). Que se serait-il passé si j’avais corrigé ces choses ? Et bien je n’en sais rien. Quand ça ne marche pas avec une fille, on peut analyser ce qu’on pense avoir mal fait et se dire raisonnablement « si c’était à refaire, je ferais ça de telle manière et je crois bien que cela mènerait à un résultat au moins égal ou potentiellement meilleur ». Mais en aucun cas on ne peut se dire « si j’avais fait ça de telle manière je l’aurais séduite ». Ça on n’en sait rien, je crois que c’est le PUA Krauser (si je me souviens bien) qui soulignait qu’en séduction on avait le contrôle sur 20% et un bon séducteur sait optimiser cette partie, les 80% restants dépendent de la fille, et c’est très bien comme ça, c’est le côté incertain de la chose qui en fait son attrait. Tant qu’on n’a pas fait l’amour avec une fille (et qu'elle ne nous re-texte pas pour nous revoir car elle a aimé le moment), on ne sait jamais jusqu’à quel point on aurait pu la séduire. Se vanter qu’avec des si on aurait pu la séduire à coup sûr, c’est se mentir à soi-même et c’est malhonnête vis-à-vis de la fille.
La dernière fois que j’ai vu cette fille, j’étais sur le quai de bon matin en allant au boulot, entouré de gens qui tiraient un peu des têtes de six pieds de long. Moi j’ai souri quand je l’ai vue, toujours aussi jolie, juste en face de moi…sur une publicité large format. Je suis un brin déçu car il y a d’autres personnes sur la publicité, mais pas sa cousine.
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