Elle trouve du maquillage chez moi
- Arsene
- Mar 16, 2019
- 7 min read
Je croise dans l’escalier mobile du métro une jolie métisse (encore une fois, vive Londres et son métissage). La discussion est rapide car nous prenons des directions opposées, je la taquine rapidement sur le fait que l’accent de son pays du Nord de l'Europe est le plus anti-sexy au monde (elle est de mère européenne, et de père africain). Elle propose de prendre mon numéro mais je lui réponds l’habituel « je prends ton numéro, je t’envoie un seul texto, tu réponds seulement si ça te dit de me revoir, sinon aucun souci, sans pression », et elle me donne son numéro. Ça m’étonnerait que cela donne quoi que ce soit mais sait-on jamais.
Physiquement, comme a dit Matt quand je lui ai montré une photo, c’est une version métisse de Scarlett Johansson, en plus grande. Je me souviens lors de la deuxième date la serveuse italienne m’a glissé dans l’oreille direct à propos d’elle “mamma mia bellissima la ragazza!”. Cette année-là je crois que ça aura été la plus belle fille avec qui je suis sorti, elle était même plus belle que la fashion blogger avec qui j’étais sortie à la fashion week.
Finalement elle répond assez vite au premier texto, nous échangeons quelques messages et elle m’appelle même pour parler un peu. Nous avons une discussion légère et sympa, c’est une manière pour elle d’en savoir un peu plus sur moi car nous n’avons parlé que très peu dans la station de métro. Elle me teste un peu sur le fait d’être un lover ou un boyfriend et je ne réponds pas franchement, ce qui est une erreur (pas bon ni pour elle ni pour moi, l’honnêteté c’est crucial même si on croit qu’on risque de perdre la fille).
La première date est sympa, j’arrive à lui faire un smack dans la première venue en revenant des toilettes (quel romantique !). Quelques minutes plus tard, je me dis « tiens je vais tenter ce move de todd valentine » : l’idée est que si la fille est en face de vous, pas cote a cote, vous vous levez, la regardez droit dans les yeux, vous vous approchez surs de vous en smirkant, et vous l’embrassez. C’est exactement ce que j’ai fait, à ceci près qu’elle m’a mis un vent, et m’a taquiné sur mon côté présomptueux. Imaginez la scène : le mec se lève sur de lui, en mode gros lover, et va embrasser la fille qui lui met un gros vent, on a l’air un peu bête, mais surtout on se sent vivant, qui ne tente rien n’a rien.
Dans le deuxième bar, elle est très douce, dans mes bras, je lui fais des bisous dans le cou, mais je n’arrive toujours pas à l’embrasser.
Nous sortons et elle me propose de me raccompagner chez moi en voiture. Devant chez moi je tente encore de l’embrasser et là nous nous emballons pendant plusieurs minutes, avant qu’elle me pousse en disant avec un air un peu amusé (un peu comme quand un parent voit son enfant faire une bêtise et le gronde gentiment tout en trouvant ce qu'il a fait rigolo) :
« Ah voilà t'es content t'as eu ce que tu voulais, t’es vraiment direct toi ! ».
Un cas d’école de partie émotionnelle du cerveau qui combat la partie logique, prenant finalement le dessus pendant quelques minutes, avant que la partie logique reprenne ses droits.
Suite à cela, nous nous envoyons quelques textos. Elle me précise qu’elle aimerait me revoir mais qu’elle aimerait me connaitre au-delà du côté physique. Et voilà : j’avais envoyé des signaux mixtes boyfriend/lover.
Nous nous textons mais elle change de sujet quand je l’invite pour une deuxième date.
Puis arrive Noel, et quelques jours après Noel, alors chez mes parents, je m’agace et envoie un « ça passe ou ça casse » pathétique sur le fait que faute de seconde date j’avais décidé de « move on » (je ne sais pas trop quel serait l’équivalent français, mais en gros ça veut dire « je vais voir d’autres filles »).
Elle me répond :
« Rompre à l’époque de Noel, que le bon karma soit finalement avec toi ».
Puis après quelques échanges elle me fait comprendre qu’elle voulait juste aller lentement et que j’avais un peu gâché les choses en étant trop direct. J’avais bien tout ruiné. Elle était claire, moi pas. Je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même.
A la rentrée début janvier, je la relance en mode détendu, pas besoin d’être dramatique.
Nous décidons alors de nous revoir, j’organise une « push date », c’est-à-dire que nous nous voyons, je l’emmène dans des endroits de mon quartier où je sympathise avec le personnel, lui fait connaitre des gens sympas, nous nous racontons nos vies, etc. mais je n’essaie même pas de l’embrasser. La date est très sympa. Comme j’apprends que c’était son anniversaire pendant les vacances de Noel, je passe cinq minutes dans un supermarché et j’improvise l’achat d’une carte d’anniversaire où j’écris « Happy birthday from the French idiot ! ». C’est elle-même qui propose de continuer l’aprèm autour d’un thé et je lui offre la carte. Encore une fois, il faut savoir se laisser aller aux bonnes intentions, inutile de jouer les wannabe-bad boys, gros durs en papier, à tous les coups. Oui ça fait un peu “nice guy” (j’en suis un au fond) le coup de la carte d’anniversaire, mais c’est surtout un geste improvisé qui donne du bonheur à quelqu’un, je me fiche bien de savoir à ce moment-là si ça rentre dans le schéma du daygamer qui optimise tout. Par ailleurs dans les principes de persuasion décrits par Cialdini, dont le London daygame model s’est inspiré, il y a “likeability” : ce n’est pas non plus une tare d’être gentil quand on veut séduire.
Elle vient manger chez moi quelques jours plus tard. Je lui laisse de l’espace et ne cherche pas à l'embrasser tout de suite. L’ambiance est sympa, elle joue avec ma batterie électronique pendant que je fais à manger.
Puis il y a un premier hic : elle tombe sur le maquillage qu’avait laissé une autre métisse (j'adore les métisses) qui venait régulièrement passer des nuits chez moi. Elle me dit donc :
« Alors comme ça tu te mets du maquillage toi ? ». Je décide ne pas mentir et explique que ça appartient à une fille, sans donner des milliers de détails non plus.
Elle me répond : « Vu le type de maquillage je comprends qu’elle est métisse aussi, dommage je croyais que j’étais spéciale pour toi. »
Je ne cherche pas à me justifier et passe à autre chose.
Nous passons à table puis je prépare mon mi-cuit au chocolat, le met dans le four, lui dit qu’il y a quinze minutes de cuisson et elle me dit ces mots simples et magiques :
« On peut se rouler des pelles en attendant, ok? ».
C’est dans ces moments là, alors qu’on embrasse une fille qu’on trouve canon, qu’une partie de nous se dit « oh yes je kiffe ma life grave de la bombe de balle ça déchire tout ! ». Je repense à l’instant où j’ai vu cette fille pour la première fois et même hésité à aller lui parler, et je me dis « me voilà maintenant chez moi avec elle dans un moment intime, hell yeah daygame is fuck**** amazing, ça valait le coup d’oser ! ».
Lors de cette soirée elle me parle un peu plus de son background et je comprends qu’elle a gouté plus ou moins aux joies d’être entourés de VIPs dans son pays natal, elle me dit vouloir être une « bonne personne » dans sa relation avec les mecs et je comprends qu’elle a dû avoir sa dose de bad boys (ou à l’inverse de providers aussi, l’un n’empêche pas l’autre). Elle me montre par ailleurs une semi célébrité à qui elle aurait « brisé le cœur » : ça me fait bizarre car ce mec, alors marié à une autre célébrité, est un véritable apollon. Et même si je suis un brin narcissique, une partie de moi se dit « oh punaise qu’est-ce qu’elle me trouve à moi ?! ». Je comprends en discutant avec elle qu’elle aimerait trouver un boyfriend, et en même temps je sens qu’elle pourrait être séduite par un mec volage qui s’assume. Or j’avais envoyé des signaux entre les deux, j’avais un peu mal géré.
Sous la couette elle me dit même :
« Toi je suis encore en train d’essayer de te comprendre, je ne sais pas bien ce que tu veux, je ne sais pas si t’es un bon ou mauvais garçon ». Je fais mine d’ignorer et manque de clarifier.
Nous passons la nuit ensemble, nous nous embrassons avec les mains baladeuses mais elle ne me laisse pas aller plus loin.
Je pense retenter de la séduire un peu plus le lendemain mais à quelques secondes près elle descend de chez moi et s’évite un PV alors que l’agent était sur le point de lui mettre (ils sont sans pitié à Londres, si l’heure limite est 10h et qu’il est 10h01, 50% de chances que le PV soit déjà mis !). Du coup ça casse un peu le câlin du matin et l’éventuelle action qui s’ensuit.
Elle quitte chez moi avec mon haut de pyjama sur elle pour ne pas avoir froid. Certains daygamers parleraient de « blue balls » et penseraient que ce doit être excessivement frustrant de passer la nuit à cote d’une fille qui nous attire énormément sans faire l’amour. Franchement j’aurais adoré aller plus loin mais c’était déjà top. Quand on trouve une nana canon, on devrait déjà être transporté rien qu’en l’embrassant et en l’enlaçant. Ensuite bien sur le sexe devrait être génial, mais la patience est une vertu comme diraient les anglais.
Par la suite on se re-texte mais c’est encore difficile de re-planifier une date, je me lasse. Le 14 Février, jour de la Saint-Valentin, alors que je suis en rencard avec une fille avec qui ça se passe super bien, elle m’écrit :
« Je te souhaite une bonne Saint-Valentin, et que tu trouves beaucoup d’amour ».
Ça sonnait clairement comme un reproche de ne pas avoir donné de nouvelles. Je n’avais décidément rien compris.
Un an plus tard je la croise par hasard dans un restaurant avec ses amis fêtant un anniversaire, c’est très sympa. Je lui demande en rigolant où est mon haut de pyjama, question qu'elle esquive en m'offrant généreusement un bout du gâteau d’anniversaire. Nous papotons un peu et décidons de nous revoir.
Finalement, après quelques textos, nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord et elle finit par m’écrire :
« J’en peux plus des mecs, ils me fatiguent, je sais que t’es un mec génial je parle même souvent de toi à mes amis mais je n’ai pas envie en ce moment ».
Soyons clairs, « mec génial, dont je parle à mes amis » est mauvais signe, ce n’est pas un compliment, ça veut dire que c’est à peu près mort, qu’on a été mis au pire dans le panier “ami” (friendzone), au mieux dans le panier provider/boyfriend potentiel qu’on garde sous le coude et qui devra être sacrément patient.
Encore une fois j’ai aimé sortir avec cette fille, je regrette de ne pas lui avoir accordé plus d’attention suite à notre deuxième date. Mais une fois de plus c’est remarquable à quel point il est possible de sortir avec de très jolies filles en provoquant des rencontres dans des lieux et moments inattendus, comme l’escalier du métro, à deux heures de l’après-midi en plein hiver, tout emmitouflés.
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